Les artisans du bâtiment sont de bons payeurs. Certains de leurs clients, en revanche, peuvent prendre jusqu’à plusieurs mois avant d’honorer leurs factures. Un délai au cours duquel l’entreprise a dû régler ses frais et payer ses fournisseurs… L’écart entre les sorties et les entrées se creuse sur la trésorerie et les professionnels les plus impactés n’ont plus les moyens de rebondir. Comment faire face à cette situation ? Retour sur les solutions très concrètes à mettre en place pour accélérer les paiements.
Retards et impayés : les chiffres du secteur du BTP
Les impayés et les retards de paiement touchent tous les secteurs, mais impactent sévèrement le BTP. En 2018, le livre blanc « Délais de paiement, trésorerie… la vraie vie des entreprises du BTP » faisait état de retards affectant 70 % des entreprises du secteur. Un dirigeant sur dix confie alors faire face à des factures qui restent impayées. En conséquence, les difficultés de trésorerie se font ressentir. Environ 40 % des professionnels interrogés pour cette étude ont affirmé avoir abandonné ou être passés à côté d’un chantier en raison d’un manque de trésorerie. Pour les très petites entreprises du bâtiment, ce taux de renoncement grimpe à 50 %. Les acteurs du BTP sont de bons payeurs. Leur retard de paiement moyen tourne autour des 9 ou 10 jours (9,2 jours en 2017, 10 jours en 2020, 9,5 jours en 2021…). Entre 2001 et 2017, leur taux de règlement sans retard a même doublé. En revanche, ces entreprises continuent à souffrir des impayés de leurs clients. En 2022, le cabinet Altares, co-auteur du livre blanc réalisé avec BNP Paribas, est revenu sur les bons chiffres de l’année 2021. La filière a pu contenir l’explosion des délais attendue pendant la crise sanitaire. Mais les retards importants et les impayés perdurent. Comment les éviter ?
Solutions pour être payé dans le BTP
Les premières solutions visent à réduire les retards dus à une facture égarée, non reçue ou oubliée… Dans ce cas de figure, le client est en capacité de vous payer sans délai et vous pouvez agir assez facilement pour accélérer ces règlements. Si le client ne peut pas payer, le problème prend une autre ampleur, mais il n’est pas insurmontable.
Éditez des factures claires et précises
Vos propres erreurs ou imprécisions peuvent rallonger considérablement les délais de paiement. Chaque aller-retour concernant la facture vous fait potentiellement perdre plusieurs jours. Pour alléger la charge de travail des acteurs du BTP, les logiciels de facturation s’adressent à tout type de structure : Obat pour les TPE-PME du bâtiment, Onaya pour les entreprises tout corps d’état…
Envoyez vos factures sans délai
Transmettre ses factures plus rapidement est le meilleur moyen d’avancer la date de règlement. Avec la transformation digitale du secteur du BTP, vous devriez pouvoir effectuer toutes vos transactions en B2B et avec les administrations publiques en utilisant la facture électronique. Les phases de création et de transmission du document sont plus simples et plus rapides, par rapport aux procédures réalisées avec le format papier.
Programmez des relances sur les factures
Pour éviter les oublis ou les incompréhensions, veillez à relancer vos clients régulièrement. Pour ne pas perdre de temps, vous pouvez là encore compter sur les logiciels de factures BTP, dédiés aux métiers du bâtiment. Certaines fonctionnalités vous permettent de programmer une relance automatique sur les impayés.
Demandez un acompte pour soulager la trésorerie
Sur les longs projets de travaux, n’hésitez pas à demander un acompte et à établir des factures de situation. L’avance de départ vous aidera à régler les factures auprès de vos propres fournisseurs, à recruter, à sécuriser le chantier… Vous pourrez ensuite éditer des factures de situation pour étaler les règlements sur toute la durée du projet. Vous êtes ainsi payés en fonction de l’avancement de chaque prestation. La répartition des paiements dans le temps est aussi un avantage pour le client, qui va régler des sommes plus raisonnables à chaque étape du chantier. Le règlement des petits montants successifs est plus facile à anticiper que celui d’une somme très importante à l’issue du chantier. Le risque d’impayés ou de retards de paiement importants est donc réduit.
Que faire face aux retards importants et impayés récurrents ?
Le signataire du devis s’engage à régler le montant correspondant à la prestation réalisée. Face à un retard de paiement, vous devez tout d’abord entamer une procédure à l’amiable. À l’issue de ces échanges, vous pourriez notamment convenir de modalités de paiement qui puissent bénéficier aux deux parties. Si aucun accord n’est trouvé ou que vous restez sans réponse, il est temps de passer à la mise en demeure par courrier avec accusé de réception. Le cas échéant, vous pourrez enclencher la procédure de poursuite judiciaire. Notez que le paiement entre professionnels est encadré par la loi. Le délai est, par défaut, de 30 jours après la livraison du chantier. Dans tous les cas, il ne peut légalement pas s’écouler plus de 60 jours après la facturation, voire 45 jours fin de mois. Le non-respect de ces délais entraîne l’application des pénalités de retard. Les pénalités de retard prévues par l’entreprise doivent figurer sur les conditions générales de vente (CGV). Ces pénalités correspondent le plus souvent au taux directeur semestriel de la Banque Centrale Européenne, majoré de 10 points. Si ce taux est de 0,2, vos pénalités de retard seront de 10,2 % sur le montant TTC de la facture. Soyez transparents sur les délais d’application et sur les valeurs des pénalités qui jouent aussi un rôle dissuasif auprès de vos clients.